Histoire

Quelques repères historiques.

L’histoire de La Manufacture, c’est l’histoire de la création d’un lieu d’accueil ouvert aux projets à vocation artistique et culturel, à la connaissance et au savoir. Mais cette histoire révèle aussi l’empreinte industrielle et urbaine inscrite dans la pierre et le métal, d’une ville en mouvement.

La Manufacture s’inscrit dans l’histoire urbaine de la ville d’Aix sur un peu plus d’un siècle de la fin du XIXè siècle jusqu’au déménagement de la bibliothèque municipale dans l’ancienne Manufacture d’allumettes de la SEITA réhabilitée, puis de la création de la Cité du livre qui prend place dans le vaste chantier Sextius Mirabeau.

De la Manufacture d’allumettes de la SEITA à la bibliothèque Méjanes (1892-1989)

En 1892, l’Etat construit une nouvelle manufacture à Aix en Provence, un peu à l’écart de l’agglomération pour des raisons de sécurité et tout près de la gare du chemin de fer. Une ligne dédiée entre même directement dans la manufacture dont le fonctionnement nécessite un approvisionnement nourri en bois et en charbon.
C’est en 1895 que débute la production des allumettes. En 1906, la manufacture s’agrandit avec la construction des Nouvelles Allumettes. L’ensemble s’étend sur 14 500 m2. L’activité se poursuit jusqu’en 1972, mais l’urbanisation du quartier rendant dangereuse la présence de la manufacture et la baisse de consommation des allumettes entraînent la décision de fermeture. Désaffectée, la manufacture demeure longtemps à l’état de friche industrielle.
En 1980 les installations industrielles de la SEITA passent près de la destruction avant d’être finalement inscrites à l’Inventaire l’année suivante. Profitant de cette opportunité la Ville d’Aix décide de réhabiliter le site pour y installer La bibliothèque Méjanes en 1989. Celle-ci se trouvait en effet un peu à l’étroit à l’Hôtel de Ville, lieu de dépôt du fonds légué par testament en date du 26 mai 1786 par le marquis de Méjanes aux Etats de Provence depuis son inauguration le 16 novembre 1810. La bibliothèque prend place dans le corps de bâtiment appelé Grandes Allumettes.

De la bibliothèque à La Cité du Livre (1989-1993).
Entre 1989 et 1993 les Petites Allumettes, alors en friche seront occupées à l’occasion de quelques manifestations culturelles dont Danse à Aix. Le 3 décembre 1993 naît la Cité du Livre qui réunit Petites et Grandes Allumettes. L’ancienne manufacture des allumettes, totalement réhabilitée autour de la fonction culturelle et de l’univers du livre pose les premiers jalons du chantier Sextius Mirabeau puis de la création d’un grand pôle culturel à Aix en Provence.
Couvrant donc désormais toute la surface autrefois occupée par la SEITA , la Cité du Livre rassemble à partir de son inauguration la bibliothèque municipale classée d’Aix-en-Provence, des partenaires institutionnels et associatifs, et des locaux, qui comportent les salles de lecture et les magasins de la bibliothèque, les locaux utilisés par les partenaires associatifs. Ceux-ci comportent des salles de cours attribuées à l’IUT Métiers du livre, une salle d’exposition (la Galerie Zola) de 480 m2, un amphithéâtre modulable de 300 places à 500 places (l’Amphithéâtre de la Verrière), une salle de conférences, (la Salle Armand Lunel qui est aussi labellisée salle de cinéma Art et essai, répertoire, jeune public) de 15 places, un auditorium de 40 places et une cour intérieure arborée.

De la Cité du Livre au Forum Culturel dans le nouveau quartier Sextius Mirabeau (1993-2014).

La désindustrialisation du site de la Manufacture d’allumettes qui comprenait la manufacture des allumettes, l’usine Coq, l’usine de sirop Lieutard, l’usine de lampes, l’usine à gaz, la gare de petite vitesse et la rotonde des machines, va opérer une vaste coupure entre le centre-ville historique et le développement urbain à l’ouest dans le quartier du Jas de Bouffan. En effet l’absence de maîtrise du foncier sur cette zone avait conduit la Ville vers un développement péri-urbain au moment de sa forte expansion démographique des années 60 et 70. C’est cette fracture que va réparer le projet Sextius Mirabeau. Entamée à partir de la fin des années 80, accéléré au milieu des années 90, cette opération de renouvellement urbain comprenant des logements, des bureaux et services, des lieux culturels, des commerces - avec en particulier les Allées Provençales - s’achève avec l’inauguration du Mur d’Eau enjambant l’Avenue Max Juvénal en juillet 2014.

En route vers La Manufacture !
Dès le mois de janvier 2013, la Galerie Vauvenargues - soit l’aile droite du bâtiment des Petites Allumettes - est occupé par la Direction de la Culture. Dans la foulée débute également une réflexion sur une stratégie de communication qui concerne les espaces de programmation de la Cité du Livre désormais détachés de la bibliothèque et confiés à la Direction de la Culture. Cette réflexion débouchera sur la création d’une structure d’accueil et de programmation ad hoc dotée d’une identité nominative et visuelle singulière et pourvue de ses propres outils de communication : ce sera La Manufacture qui réunit les espaces de l’amphithéâtre, de la galerie d’exposition et du cinéma.

Pour conclure…
La Manufacture garde la trace de son histoire industrielle avec la bibliothèque Méjanes et prend part aujourd’hui à un vaste ensemble architectural qui regroupe des lieux culturels imaginés et construits par des architectes prestigieux : le Centre des Archives Départementales de Jean-Michel Battesti ouvert en 2004, le Centre Chorégraphique National qui abrite le Ballet Preljocaj, réalisé par Rudy Ricciotti en 2006, le Grand Théâtre de Provence réalisé par Vittorio Gregotti ouvert en 2008 et enfin le Conservatoire de Musique, de Danse et d’art Dramatique Darius Milhaud réalisé par Kengo Kuma, ouvert en 2013.
L’histoire de La Manufacture, c’est finalement l’histoire d’un territoire qui se réinvente, se métamorphose, c’est l’avènement d’un interstice culturel situé entre quartiers populaires et centre-ville historique. C’est aussi une volonté qui trace la voie pour de nouvelles perspectives de développement économique et dresse une architecture de vie au-delà de la seule gestion de la question urbanistique, logistique et architecturale de l’organisation sociale de l’espace de la ville.
En effet il s’agit de confier à la valeur culturelle une part importante du traitement des problématiques liées à l’attractivité et au rayonnement du territoire mais aussi à la qualité de vie, à l’urbanité comme au vivre-ensemble.